Vers un changement de paradigme

La Terre est un bien commun, précieux, aux limites bien définies. Si la notion de cadre de vie représente pour chacun d’entre nous une réalité différente, ce dont nous sommes sûrs est que celui-ci est menacé au regard de l’effondrement de la biodiversité et du dérèglement climatique. Textes réglementaires, travaux de recherche, rapports stratégiques publics ou privés, initiatives citoyennes, raréfaction des ressources et évolution des coûts de l’énergie constituent autant d’éléments tangibles d’un changement de paradigme.

Toutes les disciplines convergent vers la même nécessité : transformer nos habitudes de consommation, nos modes de production, de gestion, nos pratiques et notre rapport à l’espace. Désormais, il s’agit de ménager plutôt qu’aménager nos territoires.

Nous le devons à nos enfants, aux générations futures, mais aussi aux anciens qui ont su nous transmettre un terroir riche d’histoires auquel nous portons un attachement sensible lié à nos souvenirs, nos émotions, des apprentissages et des usages. L’intelligence et la mise en relation de savoir-faire ont permis notre confort actuel. Il y a pourtant lieu de le questionner.

Des initiatives, des volontés, de l’engagement

Une transition écologique réussie se situe sans aucun doute à la convergence des textes réglementaires et de dynamiques territoriales. Bon nombre d’initiatives citoyennes naissent de la volonté des femmes et des hommes de s’engager. Cet engagement est légitime dès lors que la préservation de notre planète est l’affaire de chacun d’entre nous. Très souvent, dans les politiques publiques, implicitement, l’Homme est situé « à côté » de la nature comme s’il ne faisait pas partie intégrante de la biodiversité. Cette considération est issue d’un héritage structurel et culturel à l’inverse d’autres sociétés dans le monde, notamment sur d’autres continents.

Au-delà des élus et des professionnels, les habitants ont vocation à porter une expertise légitime au titre de la maitrise d’usage sur l’ensemble des projets d’aménagement du territoire. Cette compétence citoyenne, protéiforme, a vocation à permettre un plus grand partage des décisions pour améliorer collectivement notre cadre de vie. Ce processus est irréversible.

Architecture, urbanisme, environnement et paysage, s’entremêlaient pour constituer un bien commun dans la rédaction même de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977. Le premier article rappelle : « L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public ». Si les mots ont un sens, ils n’ont jamais vocation à rester immobiles dans les livres. Ils doivent être partagés, débattus et confrontés au temps qui passe. Ils sont les témoins et les moteurs des changements en cours.

Le CAUE comme levier pour de nouvelles pratiques

Ainsi les items Architecture, Urbanisme, Environnement et Paysage qui constituent des « sujets » historiques pour les CAUE, sont autant de matières vivantes et de leviers puissants pour penser avec bienveillance le débat de la sobriété pour se projeter et agir. Il y a lieu de réussir à concilier progrès technique et écologie, pour faire rimer ruralité et mobilité, patrimoine et modernité, habitat et biodiversité. La nécessité de réinterroger notre rapport au sol, à l’eau et plus largement à l’ensemble des ressources naturelles s’impose.

Présents depuis 45 ans dans les territoires, les CAUE sont en prise directe avec ces problématiques et les changements en cours. Ils stimulent à l’échelle départementale ou plus locale des démarches et des pratiques de terrain innovantes et trop peu connues, à la recherche du « bon » jeu d’acteurs, en partenariat avec les institutions, les professionnels, les élus communaux, intercommunaux, urbains ou ruraux.

Les dynamiques en cours et cette richesse des pratiques amène le réseau des CAUE à se rencontrer lors des université d’été les 5, 6 et 7 juillet 2023, à Strasbourg, afin de partager collectivement ces enjeux.

Au travers de visites, d’ateliers, de débats et de moments de convivialités, ce sera l’occasion d’échanger et de voir comment, dans chaque structure, nous pouvons interroger nos approches et nos pratiques via deux séries d’ateliers sur nos pratiques ou thématiques.

Dessiner un futur collectif et le partager, c’est porter un regard optimiste et bienveillant sur notre avenir et celui de nos territoires. Un défi ambitieux au service de tous les publics, qui porte en lui la vertu de tous nous rassembler.